Monday 11 May 2015

La Contratrice Chauve Play Script

PERSONNAGES
LA CANTATRICE CHAUVE PAR EUGENE IONESCO
M. SMITH
Mme SMITH
M. MARTIN
Mme. MARTIN
MARY, la bonne
LE CAPITAINE DES POMPIERS

SCÈNE I
Intérieur bourgeois anglais, avec des chaises anglaises. Soirée anglaise. M. Smith, Anglais, dans sa chaise anglaise et ses chaussures anglaises, fume sa pipe anglaise et lit un journal anglais. Il a des lunettes anglaises, une petite moustache grise, anglaise. A côté de lui, dans une autre chaise anglaise, Mme Smith, Anglaise, mange un sandwich anglais. Un long moment de silence anglais. La pendule anglaise frappe dix-sept coups anglais.
Mme SMITH : Tiens, il est neuf heures. Nous avons mangé de la soupe, du poisson, des pommes. Les enfants ont bu de l’eau anglaise. Nous avons bien mangé, ce soir. C’est par ce que nous habitons a Londres et que notre nom est Smith.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Les pommes de terre sont très bonnes, l’huile de la salade n’était pas
mauvaise.
M. SMITH,
continuant sa lecture, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Pourtant, c’est toujours l’huile de COLD STORAGE du coin qui est la meilleure...
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue
Mme SMITH : Mari a bien prepare les pommes de terre. La dernière fois elles etaient mauvaises.
M. SMITH,
continuant sa lecture, fait claquer sa langue.
Mme SMITH Le poisson était bon. J’ai pris deux fois. Non, trois fois. Ça me fait aller aux toilettes. Toi aussi tu as pris trois fois. Comment ça se fait? D’habitude, c’est toi qui manges le plus.
M. SMITH, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Cependant, la soupe était trop salée. Ah, ah, ah. Il y avait aussi trop de carottes et pas beaucoup d’oignons.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Notre petit garçon aime du coca,. Tu vois à table, comme il regarde la bouteille de coca? Mais moi, je donne dans son verre de l’eau. Il a soif et il boit. Hélène joue du piano. Elle ne demande jamais à boire du coca anglais.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.
.
Mme SMITH : Le yaourt est excellent pour l’estomac, l’appendicite et l’intelligence. C’est lópinion du docteur Mackenzie-King.
M. SMITH : Mais alors comment se fait-il que le monsieur est mort?
M. SMITH, toujours avec son journal : Il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi, dans le journal, il y a toujours l’âge des personnes morts et jamais l’age des nouveau-nés? C’est un non-sens.
Mme SMITH : Je ne sais pas moi !! Je ne suis pas le docteur !!
Un autre moment de silence. La pendule sonne sept fois. Silence. La pendule sonne trois fois. Silence. La pendule ne sonne pas.
M. SMITH, toujours dans son journal : Tiens, c’est écrit que Bobby Watson est mort.
Mme SMITH : Mon Dieu, quand est-ce qu’il est mort ?
M. SMITH. Il est mort il y a deux ans.
Mme SMITH : Les hommes sont tous pareils! Vous restez là, toute la journée, la tele commode à la main ou bien vous lisez le journal.
M. SMITH : Mais qu’est-ce que tu parles ? les hommes ne font pas comme les femmes, acheter des chaussures tout le temps, se coiffer, se mettre du rouge aux lèvres?
Mme SMITh : Ne me trouble pas !!
Elle jette les chaussettes très loin et montre ses dents. Elle se lève 1.
M. SMITH, se lève a son tour et va vers sa femme, tendrement : Oh! mon petit poulet rôti, pourquoi –tu es fachee!! (Il la prend par la taille et l’embrasse.)! Viens, nous allons a la montagne et nous faisons dodo.
SCÈNE II
LES MEMES ET MARY
MARY, entrant . Je suis la bonne. J’ai passé un après-midi très agréable. Je suis allee au cinéma et j’ai vu un film avec des femmes. Apres le cinéma, nous sommes allés manger des glaces au chocolat.
Mme SMITH : Cést super, vous êtes allée au cinéma avec des hommes et vous avez mange des gateaux au chocolat. ( action - coucou vers M. Smith)
MARY : Mme et M. Martin, les amis, sont à la porte.
Mme SMITH : Ah oui.. nous avons faim. On n’a rien mangé, toute la journée. Pourquoi vous etes allee avec vos amis ?
MARY : Par ce que vous m’avez donné la permission.
MARY,
éclate de rire. Puis elle pleure. Elle sourit / J’ai achete un jean et un t shirt.
Mme SMITH : Ma chère Mary, tu peux ouvrir la porte pour M. et Mme Martin, s’il te plaît..
Mme et M. Smith sortent à droite. Mary ouvre la porte à gauche par laquelle entrent M. et Mme Martin.
SCÈNE III
MARY, LES ÉPOUX MARTIN
MARY : Pourquoi vous etes en retard ? Asseyez-vous sur la chaise, maintenant.

Elle sort.
SCÈNE IV
LES MÊMES, MOINS MARY

Mme et M. Martin s’assoient l’un en face de l’autre, sans se parler. Ils se sourient, avec timidité. M. MARTIN (le dialogue qui suit doit être dit d’une voix traînante, monotone, un peu chantante,
nullement nuancée)1 I : Mes excuses, Madame, mais je pense que je vous connais ? Mme MARTIN : Moi aussi, Monsieur, je pense que je vous connais
M. MARTIN : Madame, à Manchester,?
M
me MARTIN : C’est possible. Moi, je suis originaire de Manchester!
M. MARTIN : Mon Dieu, comme c’est curieux! Moi aussi je suis originaire de Manchester, Madame!
Mme MARTIN : Comme c’est curieux!
M. MARTIN : Comme c’est curieux!... Madame, j’ai quitté la ville de Manchester, il y a cinq semaines.
Mme MARTIN : Comme c’est curieux! Comme Cést bizarre! Quelle coincidence !! Moi aussi, Monsieur, j’ai quitté la ville de Manchester, il y a cinq semaines.
M. MARTIN : J’ai pris le train pour Londres à midi, Madame.
Mme MARTIN : Comme c’est curieux! Comme c’est bizarre! et quelle coïncidence! J’ai pris le train a midi , moi aussi!
M. MARTIN : Mon Dieu, comme c’est curieux! J’ai voyage en deuxième classe, Madame.
Mme MARTIN : Comme c’est bizarre, comme c’est curieux, et quelle coïncidence! moi aussi, Monsieur, je voyage en deuxième classe!
M. MARTIN Comme c’est curieux! Ma place était dans le wagon n° 8,
Mme MARTIN : Comme c’est curieux, comme c’est bizarre et quelle co incidence! ma place aussi était dans le wagon n° 8,

M. MARTIN : Comme c’est curieux!... J’avais la place n° 3, près de la fenêtre, Madame.
Mme MARTIN : Oh, mon Dieu, MOI AUSSI comme c’est bizarre, j’avais la place n° 6, près de la fenêtre, en face de vous, cher Monsieur.
M. MARTIN : Oh, mon Dieu, comme c’est curieux .. Nous étions en face de l’un et l’aure , chère Madame
Un moment de silence. La pendule sonne 2-I.


SCÈNE VII
LES MÊMES ET LES SMITH
Mme SMITH : Bonsoir, chers amis! excusez-nous, nous nous sommes dépêchés de porter nos vetements de gala.
M. SMITH, furieux : Je n’ai pas mangé ni baguette ni fromage ni jambon ! (on entend la sonnerie ) Chaque fois qu’on sonne à la porte c’est qu’il y a quelqu’un.
Mme SMITH : C’est vrai en théorie. Mais dans la réalité c’est different. Tu as bien vu tout à l’heure.
Mme MARTIN : Votre femme a raison.
M. MARTIN : Oh! les femmes, vous vous défendez toujours

Mme SMITH : Eh bien, je vais voir. (Elle va voir. Elle ouvre la porte et la referme.) Tu vois, il n’y a personne.
Elle revient à sa place. Oh these men who always want to be right but are always wrong!
On entend sonner1encore.
M. SMITH : Tiens, on sonne. Il y a quel qu’un à la porte.
Mme SMITH, qui fait une crise de colère : Je ne vais pas ouvrir la porte. Tu sais c’est inutile. L’expérience dit que quand on entend sonner à la porte, c’est qu’il n’y a jamais personne.
Mme MARTIN : Jamais.
M. MARTIN : Ce n’est pas sûr.

M. SMITH : C’est même faux! Quand on entend sonner à la porte, c’est qu’il y a quelqu’un.
1I
Mme SMITH : Il ne veut pas m’écouter.
Mme MARTIN : Mon mari , il est fou fou fou.
M. SMITH : Il y a quelqu’un.
M. MARTIN : Biensur.
Mme SMITH, à son mari : Non.
M. SMITH : Si.
Mme SMITH : Je n’ouvre pas la porte
M. SMITH : J’y vais.
Mme
Smith hausse les épaules. Mme Martin hoche la tête.
M. SMITH, va ouvrir : Ah! how do you do! (il jette un regard à Mme Smith et aux époux Martin qui sont tous surpris.) C’est la Capitaine des Pompiers!
SCÈNE VIII
LES MÊMES, LE CAPITAINE DES POMPIERS
LE POMPIER : Bonjour, Mesdames et Bonjour Messieurs. Bonjour, Madame Smith. Pourquoi vous etes fachée?
Mme SMITH : Oh!
M. MARTIN : Il y avait, Monsieur le Capitaine des Pompiers, une controverse entre Mme et M. Smith.
Mme SMITH, à M. Martin : Ça ne vous regarde pas , Occupe - toi de tes oignons!!
LE POMPIER : Calmez - vous mes amis! Je vous raconte une fable de La FONTAINE La fable s’appelle la cigale et la fourmi
LA CIGALE ET LA FOURMI
NARRATEUR: La cigale adore chanter. La cigale chante bien, elle chante en été dans la foret. La fourmi adore travailler. Elle travaille
bien.
C: Bonjour Fourmi! Comment ca va?

F: Ca va bien merci! Et toi ?
C: Ca va super ! Qu’est- ce que tu fais ?
F: Je travaille, je ramasse des grains pour l’hiver, et toi ? Qu’est-ce que tu fais ?
C: Je chante toute la semaine; je chante lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche. Tu es stupide, tu es folle, tu travailles toujours.
F: Moi je ne suis pas bete, ni folle, tu es bete; je dois rentrer travailler Attention en hiver !!!
NARRATEUR : L’hiver arrive, la cigale a froid, la cigale ne mange pas, la cigale va chez la fourmi. Elle n’a pas de maison.
C: Bonjour fourmi! Qu’est-ce que tu manges pour le diner?
F: Je mange des grains avec des tomates, et toi? Qu’est ce que tu manges ?
C: Rien, rien, rien du tout; je peux manger le diner avec toi?
F: NON ! ABSOLUMENT PAS !! TU CHANTES EN ETE, MAINTENANT TU DANSES !!!
Le Pompier: Quelle est la morale mes amis ? Dans la vie il faut travailler ! et la Cantatrice Chauve ? elle travaille elle aussi!!

 DERNIERE SCENE
M MARTIN :, Tu ne peux pas acheter l’Irlande pour ton grand-père. Mme. SMITH : On marche avec les pieds,
M SMITH : Dans la vie, il faut regarder par la fenêtre.
Mme MARTIN : Asseyez vous sur la chaise

M. Martin : Il faut toujours penser à tout.
Mme. SMITH : Le plafond est en haut, le plancher est en bas. M SMITH Quand je dis oui, c’est une façon de parler.
MME. MARTIN : Mettez vous dans un cercle

M. MARTIN : Quand je suis à la campagne, j’aime la solitude et le calme. MME. SMITH : Toi tu es déjà tres vieux pour cela.
M SMITH : Quels sont les sept jours de la semaine ?
MME. MARTIN : Monday, Tuesday, Wednesday, Thursday, Friday, Saturday, Sunday.

M. MARTIN : Edward is a clerck; his sister Nancy is a typist, and his brother William a shop-assistant.
Mme SMITH : Drôle de famille!
M SMITH : J’aime un oiseau dans un champ qu’une cigale dans la cage.
MME. MARTIN : Plutôt gateau au chocolat a l’ecole , que du milo dans le palais.

M. MARTIM : Je ne sais pas assez d’espagnol, mais en francais je parle beaucoup. Mme SMITH : Mon oncle habite a la campagne et ma tante dans la ville
M. SMITH : Le papier c’est pour écrire, le chat c’est pour le rat. Le fromage c’est pour le francais
Mme MARTIN : L’auto va très vite, mais le chef prépare le diner. CHARITY BEGINS AT HOME.
A la suite de cette dernière réplique de M. MARTIN, les autres se taisent un instant, stupéfaits. On sent qu’il y a un certain énervement. Les coups que frappe la pendule sont plus nerveux aussi. Les répliques qui suivent doivent être dites, d’abord, sur un ton glacial, hostile. L’hostilité et l’énervement iront en grandissant. A la fin de cette scène, les quatre personnages devront se trouver debout, tout près les uns des autres, criant leurs répliques, levant les poings, prêts à se jeter les uns sur les autres.
M. SMITH ET MME MARTIN : Kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes.
M. MARTIN ET Mme SMITH : Quelle cacade, quelle cacade, quelle cacade, quelle cacade, quelle cacade, quelle cacade, quelle cacade, quelle cacabe, quelle cacade.
M. SMITH ET MME MARTIN: Quelle cascade de cacades, quelle cascade de cacades, quelle cascade de cacades, quelle cascade de cacades, quelle cascade de cacades, quelle cascade de cacades, quelle cascade de cacades, quelle cascade de cacades.
M. MARTIN ET Mme SMITH : Les chiens ont des puces, les chiens ont des puces. M. SMITH ET MME MARTIN : Cactus, Coccyx! cocus! cocardard! cochon!
M. MARTIN ET Mme SMITH, ouvrant tout grand la bouche : Ah! oh ! ah! oh!.
M. SMITH ET Mme MARTIN : Les cacaoyers des cacaoyères donnent pas des cacahuètes, donnent du cacao! Les cacaoyers des cacaoyères donnent pas des cacahuètes, donnent du cacao!
Changement de position
M MARTIN ET M SMITH : Touche pas ma babouche!
MME . MARTIN ET MME SMITH: Bouge pas la babouche!
M MARTIN ET M. SMITH : Touche la mouche, mouche pas la touche. Mme MARTIN ET MME SMITH : La mouche bouge.
M smith et m martin : VINCENT !
Mme MARTIN MME SMITH: VAN GOGH
M SMITH ET M MARTIN : LEONARDO
MME SMITH MME MARTIN : DA VINCI.
TOUS : VANGOGH / DA VINCI M. : A, e, i, o, u, a, e i o u
Mme, imitant le train : Teuff, teuff, teuff, teuff, teuff, teuff, teuff, teuff, teuff, teuff, teuff!
M. SMITH : C’est!
Mme SMITH : Pas!
M. MARTIN : Par!
Mme MARTIN : Là!
M. SMITH : C’est
Mme MARTIN : Par! M. MARTIN : I !
Mme SMITH : Ci!
Tous ensemble, au comble de la fureur, hurlent les uns aux oreilles des autres. La lumière s’est éteinte. Dans l’obscurité on entend sur un rythme de plus en plus rapide

Tous ENSEMBLE : C’est pas par là, c’est par ici, c’est pas par là, c’est par ici, c’est pas par là, c’est par ici, c’est pas par là, c’est par ici, c’est pas par là, c’est par ici, c’est pas par là, c’est par ici.
Les paroles cessent brusquement. De nouveau, lumière. M. et Mme Martin sont assis comme les Smith au début de la pièce. La pièce recommence avec les Martin, qui disent exactement les répliques des Smith dans la ère scène, tandis que le rideau se ferme doucement.
Rideau. 

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